Échange de bons procédés

-    « Pssssssssstt… !

-       …

-       PSSSSSSSSSSSTTTT !!!

-       Hein, quoi ?

-       Pacôme ! Sois discret s’te plaît ! J’n’arrive pas à répondre à la deuxième question, tu peux m’donner la réponse ?

-       Heu…bah… ça dépend.

-       Hein ? Mais…mais ça dépend de quoi ?

-       De ce que tu es prêt à me donner en échange.

-       Quoi ? Tu me fais du chantage ?

-       Appelle ça comme tu voudras, Maxence.

-       Mais c’est dégoûtant !

-       Si tu l’dis.

-       Je suis en danger et tu ne veux pas me porter secours ?

-       On peut dire ça.

-       Mais c’est de la non assistance à personne en danger, Pacôme, c’est GRAVE !

-     Et toi, tu me demandes de tricher. Autrement dit, tu me demandes d’être complice de ton CRIME !

-       Nan mais je rêve… Bon bah laisse tomber, hein, merci pour le service…

-    Tant pis pour toi. C’est quand même dommage de perdre 5 points, comme ça, bêtement, pour une pauvre petite question…

-          ………..Bon, vas-y, qu’est-ce que tu veux en échange ?

-         Je voudrais que tu demandes à Chloé de manger à côté de moi, à la cantoche, à une table  rien que pour elle et moi. C’est ta sœur jumelle, elle ne te refuse rien.

-         Quoi ?

-        T’as très bien entendu.

-        Mais Pacôme, c’que tu m’demandes, c’est IM-PO-SSI-BLE !

-    Rien n’est impossible, regarde, on est en train de parler depuis tout à l’heure, en pleine évaluation, sans que la maîtresse ne nous entende, donc tu vois…

-       Mais ÇA c’est impossible Pacôme, toutes les filles te détestent ! Tu leur tires les cheveux, tu te moques d’elle, tu les fais même pleurer !

-       C’est pour attirer leur attention.

-       Mouais, bah super…  
 Enfin non, j’peux pas, ça, Pacôme, c’est mission impossible. Trouve autre chose, j’sais pas moi, j’te prête ma DS ce week-end ? Tu veux être le capitaine de notre équipe de foot cette semaine ? J’te donne mon quatre-heure ? Ranlàlà, j’sais pas, moi, Pacôme !

-          ….

-       Bon, OK, je m’en occuperai à la récré.

-    Nan, maintenant. Tu lui écris un petit mot, que tu glisses dans sa poche ; son manteau est juste devant toi, sur le dossier de sa chaise.

-    T’es vraiment un affreux, Pacôme………………………………………………..Voilà, c’est fait. À toi, maintenant. C’est quoi cette fameuse réponse ?

-   La réponse à la deuxième question, c’est ça ? Mmmmmmmh, ‘tends, laisse moi réfléchir…Ha, bah j’sais pas ».

Vocation

"Juliette, tu veux bien jouer avec moi ? 

-        D’ac. On joue à la maîtresse ?

-        Oh oui, oui, ouiiiiiiii ! C’est moi la maîtresse ! 

-        Mais…pourquoi ce serait toujours TOI, la maîtresse ?

-        Bah, j’s’ais pas, mais j’adore faire la maîtresse, elle est tellement belle !

-        Hein ? Mais non, Inès, elle n’est pas belle du tout la maîtresse, elle est même super moche, on dirait un hamster mélangé à un crapaud, qui aurait en plus rencontré un nasique, tu sais, ces singes horribles qui ont un nez ééééééééénorme. Il faut bien l’dire, elle est très très laide. Enfin bon, peu importe, moi j’vais jouer avec Esther, paraît qu’elle a des bonbecs…"

Perturbée, Inès rentre machinalement en classe à la fin de la récréation et s’assoit à sa place attitrée, la plus proche du bureau de la maîtresse. D’ici, elle a une vue imprenable sur son idole, son icône, celle qu’elle imite tous les soirs, dans sa chambre, entourée de ses peluches et poupées transformées en élèves plus ou moins sages. Tandis que, comme à son habitude, elle observe l’institutrice, les paroles de Juliette raisonnent dans sa tête, et c'est avec un nouveau regard qu'elle s'aperçoit que les dents de sa maîtresse sont très en avant, ses yeux trop ronds, légèrement globuleux, et son nez disproportionné : sa maîtresse est MOCHE.

Comme tous les jours, Inès rentre chez elle en bus scolaire après l’étude, fait ses devoirs en  grignotant une tartine et un fruit, prend son bain avec sa petite sœur, et joue dans sa chambre en attendant le dîner.

-      "Inès ? Est-ce que je peux jouer avec toi à la maîtresse, hein, dis ? Je peux faire l’élève qui n’a pas fait ses devoirs et à qui tu demandes, pour le punir, de te masser les pieds ?" lui demande sa petite-sœur Nora.

-        " Nan, ce soir tu n’as qu’à jouer une dame qui vient se faire maquiller et coiffer dans un salon de beauté. Moi, je suis l’esthéticienne.

-        Ha bon ? Tu n’veux plus jouer à la maîtresse ? Ça veut dire que tu n’voudras plus faire maîtresse quand tu seras grande ?

-        Non.  Plus tard, je serai  la plus fortiche des ES-THÉ-TI-CIENNES !!!!!

-        …heu…pourquoi ?

-        Bah, pour rendre belle ma maîtresse, pardi !"

"Rendre la monnaie de sa pièce" ou Ce qu'on n'est pas censé apprendre à nos enfants...

 -  « Non. Non, non, non et NON ! »

      Ça, c’est mon voisin de classe, Tristan. On a été placés l’un à côté de l’autre, lui contre le mur, moi côté couloir. Si seulement j’avais eu le choix, je serais assis à côté de Louis, mon meilleur copain, et lui m’aurait dit oui, évidemment.

    Je viens de lui demander de me prêter son effaceur pour corriger une affreuse faute de calcul qui m’empêche de résoudre le problème de math. Et il n’y a rien à faire, il ne VEUT pas. Inutile d’insister, quand Tristan dit non, ça veut dire que rien n' le fera changer d’avis, pas même un kilo de bonbons ni même un bisou de la belle Marie, c’est pour dire. Il est pourtant le seul à qui je peux demander cette gomme sans me faire repérer par la maîtresse et risquer un zéro pointé. Je suis fichu. Sans le résultat correct, je vais avoir une note catastrophique. Il va ensuite falloir que j'le dise à mes parents, qui attendent que mes résultats scolaires s’améliorent. Je n’aurai donc pas ce super jeu  qui m’a été promis si mon bulletin était bon. Je suis anéanti...au fond du gouffre...désespéré…

   -  « Jules, tu peux me laisser passer, s’te plaît, faut que j’aille faire pipi, viiiiiite ! » me chuchote Tristan.

    - « Bah….écoute, je crois bien que je vais te dire…non, non, non et NON ».

L'histoire de "Tranches d'école"

Je suis une jeune maman, une professeur des écoles, une auteur et une amoureuse de l'enfance: j'aime l'observer, un sourire en coin, l'écrire, une crampe à la main, dans l'espoir que ceux qui la vivent, l'apprécient à sa juste valeur, et que ceux qui l'ont vécue, se la remémore...

Voilà pourquoi Tranches d'école:  pour que les histoires de mes petits personnages soient pour vous l'occasion de partager en famille vos péripéties scolaires, qu'elles soient le prétexte à aborder des sujets légers ou plus graves, qu'elles soient le déclencheur de franches rigolades, qu'elles alimentent vos imaginaires, bref, qu'elles vous donnent du plaisir...