-
D’ac. On joue à la
maîtresse ?
-
Oh oui, oui, ouiiiiiiii !
C’est moi la maîtresse !
-
Mais…pourquoi ce serait toujours
TOI, la maîtresse ?
-
Bah, j’s’ais pas, mais j’adore
faire la maîtresse, elle est tellement belle !
-
Hein ? Mais non, Inès, elle
n’est pas belle du tout la maîtresse, elle est même super moche, on dirait un
hamster mélangé à un crapaud, qui aurait en plus rencontré un nasique, tu sais,
ces singes horribles qui ont un nez ééééééééénorme. Il faut bien l’dire, elle
est très très laide. Enfin bon, peu importe, moi j’vais jouer avec Esther,
paraît qu’elle a des bonbecs…"
Perturbée, Inès rentre machinalement en classe à la fin de la
récréation et s’assoit à sa place attitrée, la plus proche du bureau de la maîtresse.
D’ici, elle a une vue imprenable sur son idole, son icône, celle qu’elle imite
tous les soirs, dans sa chambre, entourée de ses peluches et poupées
transformées en élèves plus ou moins sages. Tandis que, comme à son habitude, elle observe l’institutrice, les paroles de Juliette raisonnent dans sa tête, et c'est avec un nouveau regard qu'elle s'aperçoit que les dents de sa maîtresse sont très en avant, ses yeux trop ronds, légèrement globuleux, et son nez
disproportionné : sa maîtresse est MOCHE.
Comme tous les jours, Inès rentre chez elle en bus scolaire
après l’étude, fait ses devoirs en
grignotant une tartine et un fruit, prend son bain avec sa petite sœur,
et joue dans sa chambre en attendant le dîner.
- "Inès ? Est-ce que je
peux jouer avec toi à la maîtresse, hein, dis ? Je peux faire l’élève qui
n’a pas fait ses devoirs et à qui tu demandes, pour le punir, de te masser les
pieds ?" lui demande sa petite-sœur Nora.
- " Nan, ce soir tu n’as qu’à jouer
une dame qui vient se faire maquiller et coiffer dans un salon de beauté. Moi,
je suis l’esthéticienne.
-
Ha bon ? Tu n’veux plus jouer
à la maîtresse ? Ça veut dire que tu n’voudras plus faire maîtresse quand
tu seras grande ?
-
Non. Plus tard, je serai
la plus fortiche des ES-THÉ-TI-CIENNES !!!!!
-
…heu…pourquoi ?
-
Bah, pour rendre belle ma
maîtresse, pardi !"
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